27 Décembre 2018
Cette petite plante s'est arrangée pour attirer mon attention : elle forme un peuplement tellement dense qu'il couvre en grande partie le mur qui longe la route du petit village de Gominhães au nord du Portugal. Seule, elle serait passée complètement inaperçue mais en famille, on ne voyait qu'elle !
Quelle curiosité que cette plante ! Sur place, je n'ai pas su ce que c'était !
Les curiosités de ce petit végétal chlorophyllien :
Tout ceci est bien étrange… On ne reconnaît rien de la classique architecture d'une plante : où sont la tige, les racines et les feuilles ? Même chez les mousses et les fougères, on parvient à distinguer une structure : des mini-feuilles pour les mousses, des tiges pour les fougères.
Cette plante est une hépatique ! C'est quoi, une hépatique ?
Notre hépatique est peut-être Mannia androgyna ou Reloulia hemisphaerica (difficile de savoir exactement avec les photos prises). Ce n'est ni une mousse, ni une fougère ! Les hépatiques forment un groupe à part entière appartenant à l'embranchement des Mousses. C'est un peu confus ! Les hépatiques ne sont pas des mousses mais font partie des Mousses… Un coup d'œil sur la classification simplifiée du règne végétal va tout clarifier.
L'embranchement des bryophytes - appelées communément Mousses - comprend 3 groupes : les mousses (bryales), les hépatiques et les anthocérotes. Les hépatiques sont donc des bryophytes (Mousses) mais ne sont pas des mousses (bryales). Avec un peu de mots savants, on comprend mieux !
Dans les années 90, on apprenait encore que les champignons et les bactéries faisaient partie du règne végétal, mais on ne savait pas trop où les classer dans l'évolution des plantes... Maintenant, champignons et bactéries sont classés dans des branches qui leur sont propres. On y voit plus clair !
Les Mousses (dont les hépatiques) sont un groupe de plantes de transition entre les algues marines et les plantes vasculaires (qui ont des vaisseaux pour transporter la sève). Cela explique pourquoi les hépatiques ont parfois des airs d'algue.
Comment ça marche, une hépatique ?
L'hépatique à thalle n'a ni tige, ni feuille, ni racine. Elle développe des structures en forme de langue appelée thalles, rivés au sol par une multitude de rhizoïdes (petites racines). Les thalles sont sexués. Il en existe des femelles et des mâles. Ils développent, selon leur sexe, des archégoniophores (femelles) ou des anthéridiophores (mâles), qui portent les archégones ou les anthéridies (1).
Les anthéridies fabriquent des anthérozoïdes à 2 flagelles qui vont nager jusqu'au col ouvert de l'archégone (2) où est niché l'œuf (oosphère). La fécondation a lieu (3). L'archégone va perdre son col pendant qu'il fabrique les spores femelles et mâles (4). Les spores sont libérés (5) et vont germer pour donner de nouveaux thalles femelles et mâles.
Et la boucle est bouclée !
Quand on croit avoir tout vu, on finit toujours par découvrir quelque chose de nouveau, qui captive et qui redonne un élan de curiosité !
Voici l'habitat de la population de cette hépatique rencontrée au hasard de la promenade de Noël : tout simplement sur un mur le long d'une route de campagne !