Botanique par l'image - Reconnaître les plantes d'île de France, c'est facile avec des photos détaillées et légendées :)
10 Avril 2023
Nous sommes début avril, les arbres se réveillent doucement de leur torpeur hivernale et se préparent pour une nouvelle année.
La sève brute printanière riche d'éléments minéraux reprend le chemin de la cime des arbres en naviguant dans les vaisseaux conducteurs du tronc.
Le charme a tellement de choses à faire ! Par quoi commencer ?
Direction les bourgeons ! Pourquoi ? Pour les gorger de sève et faire exploser les écailles des bougeons qui ont si bien protégé les jeunes organes tendres des rigueurs de l'hiver...
Oui mais, quels bourgeons ? - se demande le charme...🤔
C'est que le charme produit plusieurs types de bourgeons 😉
A chaque arbre, sa stratégie ! Certains arbres mettent toute leur énergie printanière dans la fabrication de nouvelles feuilles toutes neuves et commencent par débourrer les bourgeons à l'origine des nouvelles feuilles. D'autres vont mettre l'accent sur la reproduction, et commencent donc par débourrer les bourgeons protégeant les jeunes fleurs.
Le charme (Carpinus betulus) fait partie de ces derniers : priorité à la reproduction! Pour les feuilles, il verra après ! 😅
Le charme s'occupe donc d'abord de débourrer les bourgeons protégeant les jeunes chatons :
Les chatons sont de longs épis dont l'axe est souple et flexible. Y a-t-il un avantage à cette flexibilité ? Absolument ! Découvrez-le en poursuivant la lecture de cet article ! 😄
Les chatons les plus nombreux et les plus voyants sont les chatons mâles, composés de nombreuses fleurs. Pourquoi mâles ? Par la présence de quantité de jeunes étamines rouges qu'on repère rapidement 😉
Les étamines des fleurs mâles du charme sont protégées par une bractée sépaloïde (en forme de sépale) dont les bords sont richement pourvus de poils. Les étamines sont barbues et regroupées par paquet de 6 à 20 sous une même bractée.
Pour les fleurs mâles, c'est fait ! Elles sont en pleine floraison ! - se félicite le charme - Et maintenant ? Occupons-nous des feuilles ! Hé oui, il est temps de fabriquer mes petites usines à sucre ! J'en ai hautement besoin ! C'est que produire tous ces chatons pleins d'étamines, ça demande de l'énergie !
Encore une bonne rasade de sève et les bourgeons "de feuilles" éclatent sous la pression des jeunes feuilles qui n'attendent qu'une chose : se déployer à la pleine lumière du mois d'avril !
L'ouverture des bourgeons s'appelle le débourrement (ou débourrage). On voit bien que les bourgeons "de feuilles" ne renferment pas qu'une seule feuille mais un tout nouveau rameau feuillé qui va grandir de quelques centimètres à une dizaine de centimètres de long selon le cas.
Les écailles protectrices vont bientôt tomber laissant de petites marques gravées dans l'écorce du rameau : ce sont les cicatrices de bourgeon.
Et maintenant ? Je suis prêt ? - se demande le charme 🤔 - Mais non ! J'ai oublié quelque chose d'essentiel ! 😅 Les chatons de fleurs femelles ! 😁
Les chatons de fleurs femelles ? Mais où sont-ils ? On ne les voit nulle part !! 😮
Il faut les chercher dans les bourgeons "de feuilles" en plein débourrement... Pas étonnant qu'on ne les voyait pas 😄
Comment savoir qu'il s'agit d'un chaton de fleurs femelles ? 🤨 En s'approchant ! 🙂
Les fleurs femelles sont bien là avec leurs longs stigmates blancs. 😄
Cette fois-ci, je suis prêt ! - se réjouit le charme - J'ai bien travaillé mais ce n'est que le début de l'année ! J'ai encore beaucoup à faire : développer mon houppier, enfoncer mes racines plus loin dans le sol, rencontrer de nouveaux champignons et négocier un contrat donnant-donnant, développer mes semences, lutter contre les parasites, fortifier mon tronc pour résister au vent, faire des réserves pour l'hiver, penser à ma descendance...
Bon, laissons le charme à ses pensées... Il reste une question en suspens : quel est l'avantage à la flexibilité des chatons ? Faire de la balançoire dans le vent ! 😄
Le charme n'utilise pas les services de pollinisateurs ailés pour le transport de son pollen. Il fait confiance au vent pour éparpiller ses précieux petits grains. La forme longue et flexible de l'épi facilite la dispersion du pollen en se balançant à la moindre brise.